Les Maisons du Cerf et des Chapiteaux à consoles firent partie d’un vaste programme de recherches sur l’architecture domestique d’Apamée inauguré dès 1973 et dont les premiers résultats, présentés au troisième « Colloque Apamée de Syrie », avaient été publiés en 1984. Le présent volume constitue l’édition définitive de ces deux importantes demeures de la ville.

La Maison du Cerf, par endroits recouverte sous d’énormes remblais, n’a été qu’en partie dégagée au cours de six campagnes de fouilles. L’occupation médiévale rencontrée dans le péristyle en a fortement bouleversé l’ordonnance sur toute la partie nord, mais les terres accumulées au sud ont préservé cette aile-là de la maison, où certains murs atteignent une hauteur de 4 m. Ces deux aspects expliquent assez les difficultés rencontrées au cours des travaux ; mais ils autorisèrent aussi de belles découvertes dans les salles de cette dernière partie. D’intéressants pavements de mosaïques des Ve et VIe siècles de notre ère, où l’on relèvera la présence d’une figure de Gê/Tyché entourée de signes à connotation magique et apotropaïque, et une belle cour intérieure dallée y ont été mis au jour, ainsi que deux tables en sigma et quelques objets métalliques — dont plusieurs grilles de fenêtre et pièces d’huisserie, deux fers à marquer le bétail, mais aussi un instrument de divination en bronze, comparable à celui autrefois découvert à Pergame. Une remarquable inscription mosaïquée citant deux vers de l’Odyssée est également à mettre au compte des trouvailles les plus significatives. 

La Maison des Chapiteaux à consoles, la plus vaste de toutes celles dégagées jusqu’ici sur le site, occupe les trois-quarts d’un îlot, soit quelque 4500 m2 ; sa fouille complète s’est étendue sur treize campagnes. Séparée de la Maison du Cerf par une rue, son étude permettait d’élargir l’enquête à l’ensemble d’un quartier afin d’en mieux comprendre l’organisation et l’évolution. L’occupation tardive semble s’être poursuivie ici jusqu’au XIVe siècle, transformant la grande demeure romano-byzantine en « une sorte de quartier de petit village avec ses unités d’habitation, ses places et ses installations communautaires » (p. 233). La description et l’analyse minutieuses des différents espaces autorisent cependant à reconstituer les grandes phases de l’évolution de la maison, dont le plan, vraisemblablement établi au IIe siècle au moment de la reconstruction de la ville consécutive au tremblement de terre de 115, avait déjà subi d’importantes altérations à l’époque byzantine. Les grands bassins du péristyle, les réservoirs tardifs pour le recueil des eaux pluviales, les citernes et les puits invitent à aborder le problème de l’alimentation hydraulique. L’usure des sols n’a guère conservé que des lambeaux de pavements mosaïqués ou en opus sectile. D’intéressants chapiteaux, en revanche, ont été mis au jour.

L’étude architecturale des deux maisons est accompagnée, comme il se doit, d’un inventaire des monnaies recueillies au cours de la fouille et d’une analyse de la céramique d’époque islamique qui fournissent, l’un et l’autre, les éléments d’appréciation nécessaires pour fixer la date des dernières phases d’occupation de tout le quartier.